II - Contexte

Il y a eu un moment, dans l’espace et le temps, avant tout ce que nous connaissons actuellement. Ou après, bien après, quelque part, ou nulle part… peu importe en fait, ce n’est pas quelque chose qu’il est possible de mesurer avec notre échelle de sensibilité.

Reste toutefois qu’il s’est passé quelque chose. Un monstre, un dieu, un on-ne-sait-quoi, a eu envie de faire des Bulles. Des grandes sphères dans lesquelles il y a assez de place pour contenir tout un univers. Amusée par ses premières créations, l’entité a décidé d’en faire plusieurs, puis d’autres, et encore d’autres.

Maintenant, ce sont des millions (des milliards ?) de ces Bulles, qui coexistent, les unes à côté des autres, sans grande possibilité d’interaction entre elles, cependant.

Fière du résultat, et de l’immense échelle des possibles qu’elle a mis au point avec cette affolante diversité, cette identité cosmique, cette Déesse-Mère, peaufine et complexifie le tout. Peut-être qu’un jour, elle finira par se lasser de tout ce manège, et qu’elle fera crever en un instant toutes ces sphères qu’elle avait pris la peine de contrôler. Qui sait…

La création des Hérauts date de peu après la mise en place des Bulles. La Déesse-Mère, qui trouvait que l’omnipotence avait quelque chose de fatigant, a décidé de léguer une partie de ses pouvoirs à des formes de vie fabriquées sur mesure dans le but de la servir. Ces artefacts font office d’observateurs, d’antennes-relais qui dressent régulièrement un rapport sur la situation des Bulles dont elles ont la charge.

Une Bulle, un Héraut, pas plus. Les grands pouvoirs qui sont les leurs font qu’ils n’ont de toute façon pas vraiment besoin d’une quelconque aide. Cela dit, les Hérauts sont techniquement immortels, mais en aucun cas invincibles.

On raconte que des personnes chanceuses ont croisé une fois dans leur vie un Héraut. Bien souvent, il s’agit plutôt d’une Entité primordiale un peu farceuse qui s’est amusée à se faire passer pour tel, en dépit des conséquences.

Il s’agit d’influx d’énergie à la puissance variable qui se sont manifestés au moment de la création des Bulles. Cette grande concentration de force a fini par donner naissance à une entité, à la forme plus ou moins abstraite et aux capacités variant d’un individu à l’autre. Elles restent cependant hors-du-commun et généralement bien supérieures à celles que peuvent développer les formes de vie lambda propres à une Bulle.

Les Entités primordiales ne sont pas sous contrôle de la Déesse-Mère. Elles sont libres d’agir comme bon le semble au sein de leur Bulle. Cependant, il leur est possible de se confronter aux Hérauts en cas de litige inter dimensionnel. Ce conflit aboutit généralement à une mise à mort rapide et spectaculaire de l’entité primordiale.

Bien souvent, les échos entropiques provoqués par la naissance (et la mort) d’une Entité primordiale amènent à la formation de nouvelles Entités, appelées Entités puissantes. Réincarnations, descendants directs ou éloignés, possessions, invocations… Tous les cas de figure sont bons pour tenter de donner un héritage à ces nouvelles créatures. Si certaines situations attestent d’un lien de façon indiscutable, beaucoup d’autres se révèlent être théories et pures affabulations.

D’un point de vue macrocosmique, les Bulles se trouvent rangées sur un immense échiquier, ou plutôt : sur plusieurs immenses échiquiers, qui se superposent et même se croisent entre eux. Les Bulles s’organisent alors par colonnes et par lignes.

Se promener dans la colonne, c’est se promener dans le temps. Dans le cours des événements vécus par la Bulle. Monter la colonne, c’est aller vers l’avenir. Descendre, c’est retourner dans le passé.

Voyager en ligne, c’est voyager dans l’espace, dans d’autres Bulles, notamment. Deux Bulles l’une à côté de l’autre partagent de nombreux points communs. C’est en prenant de plus en plus de distance que l’on finit par se retrouver dans un monde qui n’a plus rien de commun avec son univers d’origine. Civilisations, écosystème, atmosphère…

Une grosse boule sombre et dense, qui grossit ou diminue, à un rythme impossible à déterminer. Elle a recouvert quelques étendues de la dimension du Gîte depuis un certain temps déjà. Tout ce qui est recouvert par cette sphère fait partie du Monde des Ténèbres.

Dans le Monde des Ténèbres, les choses fonctionnent un peu différemment. Il fait tout le temps nuit, mais une lueur rougeâtre semble éclairer à peu près tout. Les ombres ont tendance à devenir solide et à vivre leur vie comme elles l’entendent. Il fait tout le temps nuageux et les objets se mettent à saigner au moindre choc. Et puis plein d’autres trucs bizarres, mais ça c’est à vous de le découvrir.

Si vous restez trop longtemps dans le Monde des Ténèbres, vous finissez par complètement vous fondre dans cet univers, au point de disparaître. Pour vous éviter ça le Gîte vous expulse de sa dimension dès que la situation commence à dégénérer. Par contre, ça veut dire que vous retournez dans votre univers à vous. Pour revenir dans le Gîte, il va falloir retrouver le chemin qui y mène !

Les Ruines c’est un monde étrange. Pas un univers en soi, enfin si. En fait, c’est compliqué. C’est une sorte de concept vivant. Une zone, pas vraiment remarquable, qui s’étire, ou se réduit, ça dépend. Tout ce qui se trouve dedans appartient à la Ruine. La Ruine, c’est le nom qu’on a donné à ce silence, cette absence de vie, cette décrépitude constante.

On ne peut rien construire dans les Ruines. Tout finit par s’abîmer très vite, par sécher, se racornir, puis disparaître, pour retourner à la nature d’une façon ou d’une autre. Dans les Ruines, on trouve aussi des objets étranges, ou des restes de gros trucs. Comme si tout un monde avait existé par là, il y a longtemps…